La grande époque de la bonneterie troyenne

La bonneterie est la fabrication des articles en tricot ou « maille ».

Un tissu peut être obtenu de différentes façons. Le tissage consiste à entrecroiser des fils de chaîne avec des fils de trame, on obtient alors un tissu assez rigide. Le tricotage au contraire s’obtient à partir d’un seul fil qui s’enroule sur lui –même et forme des boucles (mailles), on obtient alors un tissu souple et élastique qui s’adapte très bien à la forme souhaitée.

Cela explique pourquoi le tricot est utilisé pour réaliser des sous-vêtements (slips, chaussettes, bas, corsets…) mais aussi des gants, des bonnets (d’où le terme « bonneterie »), des chemises, des pulls ou encore aujourd’hui toutes sortes de tissus aux propriétés mécaniques ou chimiques particulières (« textiles techniques ») pour le domaine médical (orthèses, gaines…) ou industriel (tissus anti-feu pour sièges de train…).

La bonneterie est l’industrie textile qui a fait la gloire de la Ville de Troyes et du département de l’Aube : Troyes a d’ailleurs reçu le titre de « capitale européenne de la maille aux 19e et 20e siècles ».

La bonneterie au métier a démarré à Troyes au milieu du 18e siècle et s’est fortement développée au 19e siècle grâce à la multiplication des ateliers de bonneterie et grâce aux nombreuses innovations d’inventeurs troyens tels que Delarothière, Jacquin, Gilet, qui n’ont eu de cesse de perfectionner les métiers et d’automatiser toutes les étapes de fabrication.

Ce qui a fait la grande force de la bonneterie troyenne, c’est à la fois la capacité à innover sans cesse, la qualité de la production et des savoir-faire et enfin l’intégration sur place de toute la chaîne de production : de la fabrication des machines à la confection (coupe et couture pour réaliser des vêtements) en passant par le tricotage du tissu et la teinture. Presque toutes ces étapes sont encore présentes aujourd’hui à Troyes  (à l’exception de la fabrication des machines), malgré les nombreuses fermetures et délocalisations de ces quarante dernières années.

La première fête de la bonneterie en 1909

En 1860 a lieu à Troyes une grande exposition industrielle consacrant le rôle de Troyes comme capitale de la bonneterie. Quelques dizaines d’années plus tard est organisée la première fête de la bonneterie : les 11, 12 et 13 septembre 1909. D’autres fêtes de la bonneterie suivront, organisées de façon irrégulière de 1909 à 1938.

La grande fête de 1909 attire 30 000 spectateurs. Une élection est organisée pour choisir la Reine de la bonneterie. C’est Renée Kuntz, raccoutreuse aux établissements Desgrez (usine qui fabrique des bas de luxe), qui devient la première Reine de la bonneterie. Elle est couronnée à l’Hôtel de Ville le 12 septembre. Sa couronne, son éventail ainsi qu’un ensemble de souvenirs (photos, cartes postales, poèmes adressés à la Reine de la bonneterie) seront vendus aux enchères plus d’un siècle plus tard, en 2011, et acquis par le musée de la bonneterie.

La fête de 1909 s’accompagne d’une grande cavalcade réunissant 1200 figurants, 19 chars et 300 chevaux. Si cette fête a laissé un si fort impact dans la mémoire collective des Troyens, c’est tant par l’importance des festivités que par le symbole qui y est attaché : la fierté d’un métier et d’un savoir-faire.